Les bonnes recettes de l’inclusion

Basée à Coire

La fondation Plankis allie des produits spéciaux à des personnes spéciales. Au sud de la ville de Coire, elle fabrique entre autres des spécialités grisonnes à partir des produits de la propre ferme. Lotti Martinelli, cheffe de l’équipe boulangerie, guide à travers l’institution qui offre des emplois protégés à des personnes atteintes d’un handicap cognitif, mental ou physique.

Travail d’équipe autour du «Birabrot»

Lotti Martinelli et sa suppléante Silvia Tiedemann travaillent ensemble dans le fournil avec Diana, Dario et Carla. «Il faut maintenant procéder au façonnage des «Birabrote», informe Lotti. Diana glisse la pâte dans une machine qui l’abaisse, Carla la badigeonne à la sortie et Dario la garnit de la préparation aux poires. Pour finir, Silvia enveloppe la farce avec la pâte et soude les bords. Après un temps de repos, le «Birabrot», qui a été badigeonné d’œuf et piqué, est enfourné.

Une participation avec plaisir

Tandis que le quatuor travaille sans relâche, Lotti raconte comment elle est entrée chez Plankis. Boulangère-pâtissière de formation, elle trouvait le travail de nuit éprouvant. «C’est alors que je suis tombée sur cette offre d’emploi. La boulangerie Plankis recherchait une personne qualifiée en boulangerie-pâtisserie qui souhaitait se spécialiser dans l’accompagnement socioprofessionnel. Cela m’a tout de suite intéressée, ce qui est normal, vu que Plankis est très célèbre dans la région. Je reste ravie, 13 ans plus tard, que cela ait fonctionné.» Elle apprécie toujours autant le travail avec des personnes comme Diana, Dario et Carla. Dario et Carla sont atteints de trisomie 21 et Diana est autiste.

De bonne humeur et fiables

Les horaires de travail sont adaptés aux collaborateurs atteints d’un handicap. «Les collaborateurs et collaboratrices sont toujours de bonne humeur, ponctuels et ne sont presque jamais malades. Si les entreprises privées savaient à quel point ces personnes sont fiables, elles leur donneraient plus souvent leur chance sur le marché du travail primaire», raconte Lotti. Les prochaines semaines, Diana aura la possibilité d’effectuer un essai dans une confiserie. Si elle est jugée compétente, elle pourra commencer un stage sur le marché du travail primaire.

Travail précis

Tandis que Carla et Dario terminent la «production du Birabrot» et commencent à remettre de l’ordre, Diana s’occupe déjà des «Calandaspitz». Ces spécialités de Plankis, qui portent le nom de la montagne locale de Coire, associent des noisettes, du blanc d’œuf, du sucre et de la confiture sur une pâte brisée avec une pointe de chocolat. Diana mesure soigneusement les morceaux et coupe chaque triangle avec précision. Au cours d’une visite guidée du site, Lotti montre la diversité de l’entreprise. Il y a par exemple la fleuristerie, qui assemble des fleurs de son propre océan de fleurs en bouquets créatifs.

Diversité sur 30 hectares

Un peu en contrebas du bâtiment principal se trouve la partie agricole avec l’étable et les abris. Plankis exploite un domaine agricole de plus de 30 hectares. Avec ses 55 vaches et environ 20 petits, la fondation met l’accent sur la production laitière. Elle s’est fait connaître grâce à son propre «lait de Coire». Et les quelque 400 poules pondeuses promettent des instants «Ei-feel-good» (Ei signifiant œuf en allemand), comme l’indiquent les contenants réutilisables dans la boutique. La fromagerie du domaine transforme le lait de plus de 120 chèvres. Tous les produits sont vendus dans la boutique par l’équipe.

Vers un emploi protégé

Comment les boulangeries peuvent-elles proposer des emplois protégés? «Le mieux est de nous contacter, nous ou une fondation dans les environs, pour en discuter», informe Lotti. Chaque personne avec un handicap a ses propres ressources. Notre travail consiste à les découvrir et à les mettre en valeur. Les personnes atteintes de trisomie 21 réalisent volontiers des travaux répétitifs et travaillent de manière constante toute la journée. Pour elles, la régularité est importante.» Il est essentiel qu’un coach professionnel accompagne toujours le passage d’un emploi protégé vers un emploi sur le marché primaire.

Pour l’égalité des chances

Trouver un emploi est une chose, mais il est tout aussi important que la personne s’adapte à son nouvel environnement. Le salaire est calculé d’après la production réelle. Si quelqu’un travaille à 40 %, mais ne produit qu’à 20 %, l’entreprise paie juste ces 20 %. L’AI prend en charge une partie de la différence pour veiller au succès de l’intégration. Cette règle garantit que le calcul est avantageux pour les employeurs et que les personnes atteintes d’un handicap bénéficient d’une égalité des chances.

Sept tonnes de succès

40 minutes se sont écoulées. Il est temps pour les «Birabrote» de sortir du four. En 2024, la boulangerie Plankis a produit sept tonnes de «Birabrote». «Il fait partie de nos classiques, même si, traditionnellement, c’est une spécialité hivernale. Mais aujourd’hui, c’est tout bonnement un classique de la cuisine grisonne.» Qu’est-ce qui rend votre produit différent? «La recette est secrète», dit Lotti en souriant, «mais elle est inchangée depuis 25 ans.»